30 janv. 2015

Le Saut de l'ange, Pascal Quignard

Quelques extraits de Boutès de Pascal Quignard (2008) : 


"Boutès monte sur le pont et saute.
Là où la pensée a peur, la musique pense.
La musique qui est là avant la musique, la musique qui sait se "perdre" n'a pas peur de la douleur. La musique experte en "perdition" n'a pas besoin de se protéger avec des images ou des propositions, ni de s'abuser avec des hallucinations ou des rêves. Pourquoi la musique est-elle capable d'aller au fond de la douleur ? Car elle y gît. Le chant se tient avant la langue articulée plonge - simplement plonge, plonge comme Boutès plonge - dans le deuil de la Perdue".

"C'est à la fois un rythme et un mouvement. Et il est vrai que ce mixte où la négation est active est difficile à définir : retenu, écliptique, stressé, affamé, rétracté, non respiratoire. C'est la rétention du souffle avant la détente musculaire du saut. La brusque rencontre de ce qui apparaît dans l'éclair, au cours de l'orage, entre nuit complète, lumière aveuglante, coups de tonnerre et roulement, tous désynchronisés, peut en procurer une image extraordinaire concentrée et brève".

"Quand Boutès quitte sa rame, il se lève.
Quand Boutès monte sur le pont, il saute".

"C'est ainsi que la voix ancienne d'un oiseau aux seins de femme appelle Boutès. Elle l'appelle bien plus que par son nom : par la battue de son coeur. C'est ainsi que Boutès quitte le rang des rameurs, renonce à la société de ceux qui parlent, saute par-dessus bord, se jette dans la mer. Où va t-il ? Il va où il entend que se prononcent des sons beaucoup plus pressants que les prénoms eux-mêmes".

Boutès, Pascal Quignard

27 janv. 2015

Correspondances

Lettre de Rainer Marie Rilke à un jeune poète : 


"Que serait une solitude qui ne serait pas une grande solitude ?"

Lien : http://noteblanche.blogspot.fr/2016/04/lettres-un-jeune-poete-rainer-maria.html



Autre extrait Lettre à un jeune poète :

Paris, le 17 février 1903

Cher Monsieur,

Votre lettre vient à peine de me parvenir. Je tiens à vous en remercier pour sa précieuse et large confiance. Je ne peux guère plus. Je n’entrerai pas dans la manière de vos vers, toute préoccupation critique m’étant étrangère. D’ailleurs, pour saisir une œuvre d’art, rien n’est pire que les mots de la critique. Ils n’aboutissent qu’à des malentendus plus ou moins heureux. Les choses ne sont pas toutes à prendre ou à dire, comme on voudrait nous le faire croire. Presque tout ce qui arrive est inexprimable et s’accomplit dans une région que jamais parole n’a foulée. Et plus inexprimables que tout sont les œuvres d’art, ces êtres secrets dont la vie ne finit pas et que côtoie la nôtre qui passe.

Ceci dit, je ne puis qu’ajouter que vos vers ne témoignent pas d’une manière à vous. Ils n’en contiennent pas moins des germes de personnalité, mais timides et encore recouverts. Je l’ai senti surtout dans votre dernier poème : « Mon âme ». Là quelque chose de propre veut trouver issue et forme. Et tout au long du beau poème « À Léopardi » monte une sorte de parenté avec ce prince, ce solitaire. Néanmoins, vos poèmes n’ont pas d’existence propre, d’indépendance, pas même le dernier, pas même celui à Léopardi. Votre bonne lettre qui les accompagnait n’a pas manqué de m’expliquer mainte insuffisance, que j’avais sentie en vous lisant, sans toutefois qu’il me fût possible de lui donner un nom.

Vous demandez si vos vers sont bons. Vous me le demandez à moi. Vous l’avez déjà demandé à d’autres. Vous les envoyez aux revues. Vous les comparez à d’autres poèmes et vous vous alarmez quand certaines rédactions écartent vos essais poétiques. Désormais (puisque vous m’avez permis de vous conseiller), je vous prie de renoncer à tout cela. Votre regard est tourné vers le dehors ; c’est cela surtout que maintenant vous ne devez plus faire. Personne ne peut vous apporter conseil ou aide, personne. Il n’est qu’un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s’il pousse ses racines au plus profond de votre cœur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : « Suis-je vraiment contraint d’écrire  ? » Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple : « Je dois », alors construisez votre vie selon cette nécessité. Votre vie, jusque dans son heure la plus indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin d’une telle poussée. Alors, approchez de la nature. Essayez de dire, comme si vous étiez le premier homme, ce que vous voyez, ce que vous vivez, aimez, perdez. N’écrivez pas de poèmes d’amour. Evitez d’abord ces thèmes trop courants : ce sont les plus difficiles. 
(...) 
Il se pourrait qu’après cette descente en vous-même, dans le « solitaire » de vous-même, vous dussiez renoncer à devenir poète. (Il suffit, selon moi, de sentir que l’on pourrait vivre sans écrire pour qu’il soit interdit d’écrire.) Alors même, cette plongée que je vous demande n’aura pas été vaine. Votre vie lui devra en tout cas des chemins à elle. Que ces chemins vous soient bons, heureux et larges, je vous le souhaite plus que je ne saurais le dire. 
(...) 
Dévouement et sympathie.

Rainer Maria Rilke


Lettre de John Coltrane à Don DeMichael : 


"Et quant à la communauté, la terre tout entière est notre communauté"


John Coltrane à Don Michael :


"Tu sais, Don, je lisais aujourd’hui même un livre sur la vie de Van Gogh, et j’ai dû m’arrêter et penser à cette force magnifique et tenace — l’urgence créatrice. L’urgence créatrice était en cet homme, qui se trouvait lui-même en total désaccord avec le monde dans lequel il vivait, et malgré toute l’adversité, les frustrations, les rejets, etc. — un art vivant et magnifique est sorti de lui à profusion… s’il pouvait être là aujourd’hui ! La vérité est indestructible. Il semble que l’histoire montre (et c’est la même chose aujourd’hui) que le précurseur est plus souvent que le contraire confronté à un certain degré d’ostracisme ; habituellement à la mesure de son degré d’éloignement des modes d’expression ou autres qui prévalent. Le changement est toujours difficile à accepter. Nous voyons aussi que ces précurseurs cherchent toujours à revitaliser, développer et reconstruire le status quo dans leurs domaines respectifs, chaque fois que c’est nécessaire. Le plus souvent, ils sont rejetés, hors-la-loi, considérés comme des citoyens de seconde zone, etc. précisément dans ces sociétés auxquelles ils apportent tant de substance. Ce sont des gens qui vivent le plus souvent de terribles tragédies personnelles dans leur propres vies. Dans tous les cas, qu’ils soient acceptés ou rejetés, riches ou pauvres, ils sont toujours guidés par cette constance extraordinaire et éternelle — l’urgence créatrice. Chérissons-la et adressons nos louanges à Dieu."

John Coltrane (2 juin 1962)


Lettre d'Henry Miller à Anaïs Nin : 


"Je suis reparti avec des morceaux de toi collés sur ma peau"

Lien : http://noteblanche.blogspot.fr/2016/05/lettre-danais-nin-henry-miller.html

Henry Miller et l'écriture (interview filmé) :  http://www.ina.fr/video/I08022928


Autre citation d'Henry Miller : 

« Aujourd’hui, tous semblent n’être animés que par la peur, presque exclusivement. On craint même ce qui est bon, ce qui est sain, ce qui est joyeux. […] Dans le monde de la veille, menotté, contraint, paralysé par toutes sortes de peurs, menacé à chaque pas de châtiments réels ou imaginaires, il n’est presque pas de désir que nous cherchions à exprimer qui ne nous semble injuste ou mauvais. […] Quand nos désirs sont réprimés ou refoulés, la vie devient mesquine, laide, vicieuse et comme la mort. […] Rien n’a jamais été accompli en se contraignant, se réprimant, se liant et s’entravant les uns les autres. Ce n’est pas ainsi qu’on élimine le crime, la guerre, pas plus que la cupidité ou la luxure, la malice ou l’envie. » (...) Nous avons perpétuellement la tremblote et le cœur sur les lèvres »

Henry Miller,
Le Cauchemar climatisé (1954)


  

26 janv. 2015

MAGMA : KoSmïk muZïk

Grâce à la Note blanche, découvrez le monde cosmique et électrique de Magma ...



Blog KoSmïk muZïk


"Magma a sorti son "Black album". La référence à Metallica est volontaire. Avec cette pochette entièrement noire, à l'embossage ton sur ton, et un choix de police de titre qui ne renierait pas un groupe de métal, le groupe semble viser délibérément un public plus habitué aux déluges de décibels qu'aux accents feutrés d'une musique de jazz..."



















Magma, Köhntarkösz (Part. 1 et 2) :


 



Archives :

 
MAGMA, La Légende sur le blog la Note blanche: http://noteblanche.blogspot.fr/2016/12/magma-la-legende.html

15 janv. 2015

Robert Wyatt, l’homme de plusieurs vies

Robert Wyatt, est l'homme de plusieurs vies, batteur flamboyant de Soft Machine, il est tiraillé entre son amour du jazz et la violence du rock. Après une phase de dépression chronique et alcoolisme, un accident le cloue sur une chaise roulante et le contraint à se réinventer.

 

Robert Wyatt, né en 1945, est l'homme de plusieurs vies. De 1968 à 71, il est le batteur flamboyant de Soft Machine, tiraillé entre son amour du jazz et la violence du rock. Déjà il s’essayait à chanter, voix de ténor aigu et fragile, textes absurdes. Puis, entre une dépression chronique et un alcoolisme de plus en plus destructeur, il aurait pu disparaître comme Brian Jones, Jimy Hendrix… Mais un accident, une chute du quatrième étage en 1973 le cloue sur une chaise roulante et le contraint à se réinventer. Ce qu'il fait de manière sublime avec l'album Rock Bottom, né sur un lit d’hôpital et qui l'a fait connaître au monde entier.


Robert Wyatt

Dans cet album comme dans ceux qui suivront, Robert Wyatt explore ses émotions avec une sincérité bouleversante. La musique et la voix de cet homme inquiet ne ressemblent à aucune autre. Avec lui, l’humour le dispute à la tragédie. Dépressif joyeux et ancien membre du parti communiste, il est l’éternel défenseur des causes perdues. Après une dizaine d’albums solo et des collaborations avec entre autres Bjork, Brian Eno, Elvis Costello, il a le jour de ses 70 ans, décidé d’arrêter la musique. Avec Pierre Bornard, ingénieur du son nous sommes allés le voir à Louth, petite ville perdue du nord-est de l’Angleterrre, où il vit avec Alfreda Benge, sa femme et muse.

Robert Wyatt


Playlist/Albums :





1 janv. 2015

La Note blanche

La Note blanche : 

Pour les musiciens, les mélomanes et les curieux : Bienvenue dans la Note blanche! 

La Note blanche, qu'est-ce que c'est ? La Note blanche est tout d'abord une émission sur l'histoire de la musique afro-américaine. Elle consiste à partager l'histoire de la musique et des découvertes musicales du monde entier. Particulièrement axée sur le jazz, soul, funk, groove, musiques du monde, classique, rock, etc. La Note blanche garde toujours les oreilles bien ouvertes...Et je suis toujours intéressée par les nouveaux talents !

"A quoi bon fréquenter Platon quand un saxophone peut aussi bien vous faire entrevoir un autre monde"  E.Cioran

Par le biais d'une formation radiophonique, je me suis concentrée sur le montage. Grâce à différents samples que je trouve un peu partout, je développe des "créations sonores" ou des "narrations". L'accumulation des genres débouche sur des récits ou des univers que chaque auditeur peut s'approprier. Enfin, vous trouverez également sur ce blog des extraits de textes et de fictions dans "Quelques mots de la Note blanche" et "Littérature"...

Montages, créations sonores, émissions radiophoniques, etc !!

Lien SoundCloud :

https://soundcloud.com/la-note-blanche




Article de presse : 


"Rennes vue par la Note blanche" :

http://www.letudiant.fr/etudes/rendezvous--etudier-en-region/Bretagne-et-Pays-de-la-Loire/etudier-en-bretagne-et-pays-de-la-loire_1/rennes-vue-par-priscille-etudiante-en-licence-de-lettres-modernes-a-rennes-2-19880.html