20 mars 2015

Lettre de la Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont

C’est en 1782 que Pierre Choderlos de Laclos publie l’œuvre qui le rendra scandaleusement célèbre : « Les Liaisons dangereuses ». Roman épistolaire narrant les stratagèmes de deux dangereux libertins, la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, le titre devient un véritable best-seller de son siècle. Malgré la personnalité sombre de ses personnages, l’auteur est véritablement un féministe avant l’heure, faisant l’éloge de la femme autodidacte. Dans cette lettre écrite au Vicomte de Valmont (lettre LXXXI), la Marquise fait le récit de son éducation en montrant son besoin de s’affranchir de la condition de son sexe imposée par la société et sa volonté de vivre selon son bon vouloir.

valmontmerteuil
"J’ai porté le zèle jusqu’à me causer des douleurs 
volontaires".

20 septembre 17**

Entrée dans le monde dans le temps où fille encore, j’étais vouée par état au silence et à l’inaction, j’ai su en profiter pour observer et réfléchir. Tandis qu’on me croyait étourdie ou distraite, écoutant peu à la vérité les discours qu’on s’empressait à me tenir, je recueillais avec soin ceux qu’on cherchait à me cacher.

Cette utile curiosité, en servant à m’instruire, m’apprit encore à dissimuler, forcée souvent de cacher les objets de mon attention aux yeux de ceux qui m’entouraient, j’essayai de guider les miens à mon gré ; j’obtins dès lors de prendre à volonté ce regard distrait que vous avez loué si souvent. Encouragée par ce premier succès, je tâchai de régler de même les divers mouvements de ma figure. Ressentais-je quelque chagrin, je m’étudiais à prendre l’air de la sérénité, même celui de la joie ; j’ai porté le zèle jusqu’à me causer des douleurs volontaires, pour chercher pendant ce temps l’expression du plaisir. Je me suis travaillée avec le même soin et plus de peine, pour réprimer les symptômes d’une joie inattendue. C’est ainsi que j’ai su prendre sur ma physionomie, cette puissance dont je vous ai vu quelquefois si étonnée.

J’étais bien jeune encore, et presque sans intérêt : mais je n’avais à moi que ma pensée, et je m’indignais qu’on pût me la ravir ou me la surprendre contre ma volonté. Munie de ces premières armes, j’en essayai l’usage : non contente de ne plus me laisser pénétrer, je m’amusais à me montrer sous des formes différentes ; sûre de mes gestes, j’observais mes discours ; je réglais les uns et les autres, suivant les circonstances, ou même suivant mes fantaisies : dès ce moment, ma façon de penser fut pour moi seule, et je ne montrai plus que celle qu’il m’était utile de laisser voir.

Ce travail sur moi-même avait fixé mon attention sur l’expression des figures et le caractère des physionomies ; et j’y gagnai ce coup d’œil pénétrant, auquel l’expérience m’a pourtant appris à ne pas me fier entièrement ; mais qui, en tout, m’a rarement trompée.

Je n’avais pas quinze ans, je possédais déjà les talents auxquels la plus grande partie de nos Politiques doivent leur réputation, et je ne me trouvais encore qu’aux premiers éléments de la science que je voulais acquérir.

A lire et à voir sur le blog La Note blanche:

15 mars 2015

Des Notes au féminin dans la Note blanche

Dimanche de 15h à 16h sur les ondes du 88.4 ou sur le site...Et retrouvez toute l'émission et toutes les infos sur la page podcast après la diffusion :
http://www.radiocampusrennes.fr/emission/la-note-blanche/des-notes-au-feminin-dans-la-note-blanche.html

OU retrouvez l'émission avec toutes la playlist sur soundcloud :
https://soundcloud.com/la-note-blanche/des-notes-au-feminin-dans-la-note-blanche

La Note blanche revient sur les ondes pour ouvrir vos oreilles et attirer votre attention sur l'histoire de la musique afro-américaine ! Après avoir explorer le jazz/rock la semaine dernière, nous nous dirigerons aujourd'hui vers le Harlem des années 50 et 60 en écoutant la révolte des voix féminines...

Résultat de recherche d'images pour "billie holiday"Avant tout, le jazz est une musique instrumentale. Par conséquent, le chant n'était pas voué à en devenir le point central car il a toujours été suspecté de vouloir flirter avec la ballade et le sentiment. Et pourtant, bien avant les révolutions be-bop et free, le jazz vocal a accueilli les premières subversions et les premiers conflits. En effet, les mots et le chant provoquent toujours des réactions ! De plus, quand on parle de jazz vocal, on pense d'abord aux chanteuses. Il est vrai qu'elles sont actuellement plus nombreuses et surtout plus connues. Ce genre musical a été l'occasion pour des artistes comme Billie Holiday ou Ella Fitzgerald de s'émanciper, d'obtenir une liberté, de lutter contre la misogynie ambiante et surtout contre le racisme. Ces femmes ont réussi à sortir de la caste où le pouvoir blanc et patriarcal les emprisonnait pour diriger elles-mêmes leur destinée. Aujourd'hui, le chant féminin est le genre le plus répandu et le plus populaire. Il fut à la fois un objet de séduction pour un public masculin amoureux, et un lieu de combat pour des femmes trop souvent réduites à leur beauté. Souvent, à la marge du jazz, et souvent le théâtre des discussions esthétiques entre les branches du jazz et celles qui prisent la ballade, ce genre a traversé le XXème siècle dans les turbulences car il n'a jamais cessé d'évoluer pour essayer de s'affranchir des règles classiques. A côté, le jazz vocal masculin fait plutôt pâle figure car, chez les hommes, l'enjeu est bien moins important. Il est surtout affaire de séduction, de charme, de romantisme et de virilité...

Des Notes au féminin dans la Note blanchePour cette émission, vous entendrez dans un premier temps une des plus grandes voix du jazz : Nina Simone ! Au départ la chanteuse se destinait à une carrière de pianiste classique et elle dut jouer dans les nights-clubs pour financer ses études à la Julliard. Plus tard, Nina Simone chanta par hasard pour satisfaire ses obligations durant l'été 1954 à Atlantic City. La chanteuse qui s'accompagne remarquablement est condamnée à la sobriété tout comme Billie Holiday ne serait-ce qu'à cause d'une tessiture limitée. En revanche, cette femme extraordinaire tourne ce handicap à son profit. Sa parole sévère épanche une beauté à la fois étrange et familière, mirifique et immédiatement reconnaissable. Du morceau I Love you Porgy sorti en 1957 à Black is the color, en 1959, la chanteuse affirme ses traits engagés, et simultanément, sa silhouette de déesse africaine réincarnée. De plus, Nina Simone était contre la ségrégation sociale et culturelle et contre la honte d'être noir. En d'autres termes, la honte absurde d'être l'exploité et d'être la victime des prédateurs. Pour résumé, le chant de la chanteuse n'a cessé de s'élever pour donner courage grâce à sa voix mezzo-soprano qui assombrit et dramatise la chaleur et la force de son timbre...

My Baby just cares for me, Nina Simone :

                                                                                  

Au revoir Daevid...

Le chanteur, poète et guitariste, fondateur des groupes Soft-Machine et Gong, est décédé à l’âge de 77 ans. Début février, Daevid Allen publiait une lettre où il annonçait sa décision d’abandonner son traitement contre le cancer. La maladie avait repris le dessus. On ne lui donnait plus que six mois à vivre. 



«Je n’ai pas envie de subir des interventions chirurgicales à répétitions, en fait c’est un soulagement de savoir que la fin est en vue (...) J’espère seulement que durant ce voyage j’aurai contribué d’une certaine manière au bonheur quelques uns de mes semblables humains», écrivait-il avant de conclure : «Je vous aime et serai avec vous toujours». 




David Allen nous a quitté le 13 mars dernier. Cofondateur des groupes Soft Machine et Gong, son nom restera attaché à une vision hédoniste de la vie à laquelle il n’a jamais dérogé. Avec sa tête de gourou hippie indécrottable, l’inventeur des Pothead Pixies, de Radio Gnome, de Zero the Hero et de bien d’autres représentants d’une mythologie cosmique et comique, il résume à lui seul l’euphorie d’une époque où toutes les folies semblaient possibles...


Articles : 

Biographie Daevid Allen "Le Gong a sonné"
http://www.lemonde.fr/musiques/article/2015/03/13/le-gong-a-sonne-pour-daevid-allen_4593231_1654986.html

Les Inrocks "Coup de Gong"  :

Discographie Daevid Allen (Discogs) : 


11 mars 2015

Emile Cioran (1911-1995)

Il ne faut pas s'astreindre à une oeuvre, il faut seulement dire quelque chose qui puisse se murmurer à l'oreille d'un ivrogne ou d'un mourant. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1272

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Jamais à l'aise dans l'immédiat, ne me séduit que ce qui me précède, que ce qui m'éloigne d'ici, les instants sans nombre où je ne fus pas: le non-né. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1272

Je sais que ma naissance est un hasard, un accident risible, et cependant, dès que je m'oublie, je me comporte comme si elle était un événement capital, indispensable à la marche et à l'équilibre du monde.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1273

Le vrai contact entre les êtres ne s'établit que par la présence muette, par l'apparente non-communication, par l'échange mystérieux et sans parole qui ressemble à la prière intérieure.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1274

Que tout soit dépourvu de consistance, de fondement, de justification, j'en suis d'ordinaire si assuré, que, celui qui oserait me contredire, fût-il l'homme que j'estime le plus, m'apparaîtrait comme un charlatan ou un abruti. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1274

Être en vie - tout à coup je suis frappé par l'étrangeté de cette expression, comme si elle ne s'appliquait à personne.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1275

J'aimerais être libre, éperdument libre. Libre comme un mort-né. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1275

S'il entre dans la lucidité tant d'ambiguïté et de trouble, c'est qu'elle est le résultat du mauvais usage que nous avons fait de nos veilles.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1275

Ne jamais s'évader du possible, se prélasser en éternel velléitaire, oublier de naître.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1276

Quand on revoit quelqu'un après de longues années, il faudrait s'asseoir l'un en face de l'autre et ne rien dire pendant des heures, afin qu'à la faveur du silence la consternation puisse se savourer elle-même. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1276

[...] tout malaise n'est qu'une expérience métaphysique avortée. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1277

Je rêve d'un confesseur idéal, à qui tout dire, tout avouer, je rêve d'un saint blasé. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1278

Certains ont des malheurs; d'autres, des obsessions. Lesquels sont le plus à plaindre?
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1278

Je n'aimerais pas qu'on fût équitable à mon endroit: je pourrais me passer de tout, sauf du tonique de l'injustice. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1278

Nous n'avouons nos chagrins à un autre que pour le faire souffrir, pour qu'il les prenne à son compte. Si nous voulions nous l'attacher, nous ne lui ferions part que de nos tourments abstraits, les seuls qu'accueillent avec empressement tous ceux qui nous aiment.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1279

Tout malaise individuel se ramène, en dernière instance, à un malaise cosmogonique, chacune de nos sensations expiant ce forfait de la sensation primordiale, par quoi l'être se glissa hors d'on ne sait où...
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1280

Nulle différence entre l'être et le non-être, si on les appréhende avec une égale intensité.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1280

Le non-savoir est le fondement de tout, il crée le tout par un acte qu'il répète à chaque instant, il produit ce monde et n'importe quel monde, puisqu'il ne cesse de prendre pour réel ce qui ne l'est pas. Le non-savoir est la gigantesque méprise qui sert de base à toutes nos vérités, le non-savoir est plus et plus puissant que tous les dieux réunis. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1280

[...] l'échec, toujours essentiel, nous dévoile à nous-mêmes, il nous permet de nous voir comme Dieu nous voit, alors que le succès nous éloigne de ce qu'il y a de plus intime en nous et en tout.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1281

Après minuit commence la griserie des vérités pernicieuses. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1281

Ce qu'on appelle "sagesse" n'est au fond qu'une perpétuelle "réflexion faite", c'est-à-dire la non-action comme premier mouvement. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1281

[...] naître, c'est s'attacher.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1282

N'est pas humble celui qui se hait. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1285

J'ai toujours cherché les paysages d'avant Dieu. D'où mon faible pour le Chaos.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1286

J'ai décidé de plus m'en prendre à personne depuis que j'ai observé que je finis toujours par ressembler à mon dernier ennemi. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1286

On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu'on n'oserait confier à personne.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1286

Plus les hommes s'éloignent de Dieu, plus ils avancent dans la connaissance des religions.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1287

Regarder sans comprendre, c'est le paradis. L'enfer serait donc le lieu où l'on comprend, où l'on comprend trop... 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1287

[...] c'est la volonté de donner notre maximum qui nous porte aux excès et aux dérèglements. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1288

N'est profond, n'est véritable que ce que l'on cache. D'où la force des sentiments vils. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1288

Aime à être ignoré.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1288

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L'essentiel n'a jamais exigé le moindre talent.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1288

Ce n'est pas la peine de se tuer, puisqu'on se tue toujours trop tard. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1290

[...] éthique du crépuscule [...]
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1290

On a d'autant plus de prise sur ce monde qu'on s'en éloigne, qu'on n'y adhère pas. Le renoncement confère un pouvoir infini. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1290

Il répugnait aux vérités objectives, à la corvée de l'argumentation, aux raisonnements soutenus. Il n'aimait pas démontrer, il ne tenait à convaincre personne. Autrui est une invention de dialecticien. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1291

Je n'ai pas rencontré un seul esprit intéressant qui n'ait été largement pourvu en déficiences inavouables. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1293

Il n'est pas d'art vrai sans une forte dose de banalité. Celui qui use de l'insolite d'une manière constante lasse vite, rien n'étant plus insupportable que l'uniformité de l'exceptionnel. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1293

Être objectif, c'est traiter l'autre comme on traite un objet, un macchabée, c'est se comporter à son égard en croque-mort. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1294

Tout est unique - et insignifiant. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1294

Dieu seul a le privilège de nous abandonner. Les hommes ne peuvent que nous lâcher. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1294

Les penseurs de première main méditent sur des choses; les autres, sur des problèmes. Il faut vivre face à l'être, et non face à l'esprit. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1296

Si l'on pouvait se voir avec les yeux des autres, on disparaîtrait sur-le-champ. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1296

[...] la biographie d'une pensée [...]
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1298

L'unique confession sincère est celle que nous faisons indirectement - en parlant des autres.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1299

La conscience est bien plus que l'écharde, elle est le poignard dans la chair.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1299

Faire le mal est un plaisir, non une joie. La joie, seule vraie victoire sur le monde, est pure dans son essence, elle est donc irréductible au plaisir, toujours suspect et en lui-même et dans ses manifestations. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1299

Le sage est celui qui consent à tout, parce qu'il ne s'identifie avec rien. Un opportuniste sans désir. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1300

Ce que les autres font, nous avons toujours l'impression que nous pourrions le faire mieux. Nous n'avons malheureusement pas le même sentiment à l'égard de ce que nous faisons nous-mêmes.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1300

Nous ne comprenons ce qu'est la mort qu'en nous rappelant soudain la figure de quelqu'un qui n'aura été rien pour nous. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1302

Toute forme de hâte, même vers le bien, trahit quelque dérangement mental. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1302

Nous ne pardonnons qu'aux enfants et aux fous d'être francs avec nous: les autres, s'ils ont l'audace de les imiter, s'en repentiront tôt ou tard. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1304

Ne dure que ce qui a été conçu dans la solitude, face à Dieu, que l'on soit croyant ou non. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1305

Nous avons perdu en naissant autant que nous perdrons en mourant. Tout. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1305

[...] une démence intéressée... 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1307

[...] guérir de l'ennui par la stupeur. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1307

Plus d'un déséquilibre - peut-être même tout déséquilibre - provient d'une vengeance qu'on a différée trop longtemps. Sachons exploser! N'importe quel malaise est plus sain que celui que suscite une rage thésaurisée. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1309

L'avantage d'être quelqu'un est plus rare que celui d'oeuvrer. Produire est facile; ce qui est difficile, c'est dédaigner de faire usage de ses dons. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1309

[...] un enfer trop parfait est presque aussi stérile que le paradis.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1310

L'interminable est la spécialité des indécis.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1311

Le désir de paraître subtil ne nuit pas à la subtilité. Un débile mental, s'il pouvait ressentir l'envie d'épater, réussirait à donner le change et même à rejoindre l'intelligence. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1312

C'est une aberration de se vouloir différent de ce qu'on est, d'épouser en théorie toutes les conditions, sauf la sienne.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1313

On doit se méfier des lumières qu'on possède sur soi. La connaissance que nous avons de nous-même, indispose et paralyse notre démon. C'est là qu'il faut chercher la raison pour laquelle Socrate n'a rien écrit. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1316

Deux ennemis, c'est un même homme divisé.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1316

Ce n'est pas la peur d'entreprendre, c'est la peur de réussir, qui explique plus d'un échec. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1317

On ne redoute l'avenir que lorsqu'on n'est pas sûr de pouvoir se tuer au moment voulu. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1317

Toute pensée dérive d'une sensation contrariée. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1318

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Ce n'est pas le malheur, c'est le bonheur, le bonheur insolent, il est vrai, qui conduit à l'aigreur et au sarcasme.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1319

Plus quelqu'un est comblé de dons, moins il avance sur le plan spirituel. Le talent est un obstacle à la vie intérieure.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1320

Ne regarde ni en avant ni en arrière, regarde en toi-même, sans peur ni regret. Nul ne descend en soi tant qu'il demeure esclave du passé ou de l'avenir. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1323

Écrire est l'acte le moins ascétique qui soit.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1325

[...] un rien de plein [...]
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1326

À quoi la musique fait appel en nous, il est difficile de le savoir; ce qui est certain, c'est qu'elle touche une zone si profonde que la folie elle-même n'y saurait pénétrer. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1327

J'aime lire comme lit une concierge: m'identifier à l'auteur et au livre. Toute autre attitude me fait penser au dépeceur de cadavres. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1328

Dès que quelqu'un se convertit à quoi que ce soit, on l'envie tout d'abord, puis on le plaint, ensuite on le méprise. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1328

Quand il me faut mener à bien une tâche que j'ai assumée par nécessité ou par goût, à peine m'y suis-je attaqué, que tout me semble important, tout me séduit, sauf elle.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1328

Vivre, c'est perdre du terrain.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1330

Dire que tant et tant ont réussi à mourir! 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1330

[...] chacun engendre son propre ennemi. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1331

L'unique moyen de sauvegarder sa solitude est de blesser tout le monde, en commençant par ceux qu'on aime. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1332

Un livre est un suicide différé. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1332

On a beau dire, la mort est ce que la nature a trouvé de mieux pour contenter tout le monde. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1332

Plus on vit, moins il semble utile d'avoir vécu.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1333

La seule manière de nous acheminer vers l'universel est de nous occuper uniquement de ce qui nous regarde. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1337

Ceux que nous n'aimons pas brillent rarement dans nos rêves. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1337

Le scepticisme est l'ivresse de l'impasse.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1339

Il tombe sous le sens que Dieu était une solution, et qu'on n'en trouvera jamais une aussi satisfaisante. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1340

Les avantages d'un état d'éternelle virtualité me paraissent si considérables, que, lorsque je me mets à les dénombrer, je n'en reviens pas que le passage à l'être ait pu s'opérer jamais. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1342

Les obsessions sont les démons d'un monde sans foi. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1345

L'homme accepte la mort mais non l'heure de sa mort. Mourir n'importe quand, sauf quand il faut que l'on meure! 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1345

L'inconscience est une patrie; la conscience un exil. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1345

Une seule chose importe: apprendre à être perdant.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1346

Ce qui est fâcheux dans les malheurs publics, c'est que n'importe qui s'estime assez compétent pour en parler. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1348

La seule chose qu'on devrait apprendre aux jeunes est qu'il n'y a rien, mettons presque rien, à attendre de la vie. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, p. 1349

Le Progrès est l'injustice que chaque génération commet à l'égard de celle qui l'a précédée.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1349

L'idée de progrès déshonore l'intellect.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1353

N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1353

Avec le recul, plus rien n'est bon, ni mauvais. L'historien qui se mêle de juger le passé fait du journalisme dans un autre siècle. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1354

Le sage est un destructeur apaisé, retraité. Les autres sont des destructeurs en exercice. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1355

[...] choyé par la malchance.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1358

Lorsqu'on a commis la folie de confier à quelqu'un un secret, le seul moyen d'être sûr qu'il le gardera pour lui, est de le tuer sur-le-champ. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1361

L'admiration n'a rien à voir avec le respect. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1362

Un texte expliqué n'est plus un texte. On vit avec une idée, on ne la désarticule pas; on lutte avec elle, on n'en décrit pas les étapes. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1364

Avec du sarcasme, on peut seulement masquer ses blessures, sinon ses dégoûts. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1366

L'homme est le cancer de la terre.
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1376

Le plaisir de se calomnier vaut de beaucoup celui d'être calomnié. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1376

Les affres de la vérité sur soi sont au-dessus de ce qu'on peut supporter. Celui qui ne se ment plus à lui-même (si tant est qu'un tel être existe), combien il est à plaindre! 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1379

Imaginer, c'est se restreindre, c'est exclure. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1384

La seule manière de supporter revers après revers est d'aimer l'idée même de revers. Si on y parvient, plus de surprises: on est supérieur à tout ce qui arrive, on est une victime invincible. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1385

[En parlant de l'homme] un singe occupé. 
De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p.1388

Se détruit quiconque, répondant à sa vocation et l'accomplissant, s'agite à l'intérieur de l'histoire; celui-là seul se sauve qui sacrifie dons et talents pour que, dégagé de sa qualité d'homme, il puisse se prélasser dans l'être. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p.821

On périt toujours par le moi qu'on assume: porter un nom c'est revendiquer un mode exact d'effondrement. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 821

"Que l'homme n'aime rien, et il sera invulnérable" (Tchouang-Tse). Maxime profonde autant qu'inopérante. L'apogée de l'indifférence, comment y atteindre, quand notre apathie même est tension, conflit, agressivité? 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 822

Notre mal? Des siècles d'attention au temps, d'idolâtrie du devenir. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 823

Vivre à même l'éternité, c'est vivre au jour le jour. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 824

Seul s'affranchit l'esprit qui, pur de toute accointance avec êtres ou objets, s'exerce à sa vacuité.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 825

N'importe qui se sauve par le sommeil, n'importe qui a du génie en dormant: point de différence entre les rêves d'un boucher et ceux d'un poète. Mais notre clairvoyance ne saurait tolérer qu'une telle merveille dure, ni que l'inspiration soit mise à la portée de tous: le jour nous retire les dons que la nuit nous dispense. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 826

[...] ce qui nous vénérons dans nos dieux ce sont nos défaites en beau. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 827

[...] nous sommes tous des Lucifers de statistique. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 827

Contaminés par la superstition de l'acte, nous croyons que nos idées doivent aboutir. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 827

Quiconque s'avise d'atténuer notre solitude ou nos déchirements agit à l'encontre de nos intérêts et de notre vocation.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 828

[...] ce "grand triste" [en parlant du Diable] est un rebelle qui doute. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 829

[...] l'histoire, agression de l'homme contre lui même, [...]; se vouer à l'histoire, c'est apprendre à s'insurger, à imiter le Diable. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 829

Le meurtre suppose et couronne la révolte: celui qui ignore le désir de tuer aura beau professer des opinions subversives, il ne sera jamais qu'un conformiste. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 830

Seuls nous séduisent les esprits qui se sont détruits pour avoir voulu donner un sens à leur vie. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 830

[...] l'utopie, presbytie des vieux peuples. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 833

Les rides d'une nation sont aussi visibles que celles d'un individu. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 834

La destruction des idoles entraîne celle des préjugés. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 837

Nul être soucieux de son équilibre ne devrait dépasser un certain degré de lucidité et d'analyse.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 837

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Nombreux sont ceux qui s'apprêtent à vénérer n'importe quelle idole et à servir n'importe quelle vérité, pourvu que l'une et l'autre leur soient infligées et qu'ils n'aient pas à fournir l'effort de choisir leur honte ou leur désastre. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 840

L'art de se survivre, ils [les occidentaux] s'y distinguent déjà.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 841

La raison: rouille de notre vitalité. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 842

On ne peut être normal et vivant à la fois. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 842

L'esprit est vampire. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 845

L'aspiration à "sauver le monde" est le phénomène morbide de la jeunesse d'un peuple. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 847

L'habitude du raisonnement et de la spéculation est l'indice d'une insuffisance vitale et d'une détérioration de l'affectivité. Pensent avec méthode ceux-là seuls qui, à la faveur de leurs déficiences, parviennent à s'oublier, à ne plus faire corps avec leurs idées: la philosophie, apanage d'individus et de peuples biologiquement superficiels. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 849

[...] le génie du regret. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 849

[...] un peuple qui est un tourment pour lui-même est un peuple malade. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 850

Se savoir d'une engeance qui n'a jamais été est une amertume où il entre quelque douceur et même quelque volupté. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 852

Créer une littérature c'est créer une prose.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 854

Il n'est point aisé de n'être de nulle part, quand aucune condition extérieure ne vous y contraint.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 856

Personne ne peut sauver la jeunesse de ses chagrins. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 856

[...] devenir un vaincu décent, un réprouvé convenable. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 857

[...] l'orgasme du remords. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 863

[...] la rage d'un amour-haine. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 867

[...] la volupté d'être épave [...]
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 868

Le tact, vice terrien, préjugé des civilisations enracinées, instinct du protocole [...]
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 871

[...] l'art de vivre [...] consiste dans l'expérience intégrale du présent. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 876

[...] la haine équivaut à un reproche que l'on n'ose se faire à soi, à une intolérance à l'égard de notre idéal incarné dans autrui.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 878

[...] à quelques criminels près, tout le monde aspire à avoir une âme publique, une âme-affiche. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 881

[...] ménopauses métaphysiques [...]
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 883

L'expression n'étant pas de taille à se mesurer avec les événements, fabriquer des livres et s'en montrer fier, constitue un spectacle des plus pitoyables: quelle nécessité pousse un écrivain qui a écrit cinquante volumes à en écrire encore un autre? pourquoi cette prolifération, cette peur d'être oublié, cette coquetterie de mauvais aloi? 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 884

Examinez les esprits qui réussissent à nous intriguer: loin de faire la part des choses, ils défendent des positions insoutenables. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 885

On ne détruit pas, on se détruit.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 885

Plus rien à poursuivre, sinon la poursuite du rien. La Vérité? Une marotte d'adolescents, ou un symptôme de sénilité. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 887

[...] ce climat d'asthme que créent les convictions [...]
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 887

[s'] engager dans n'importe quoi sans y adhérer. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 888

[...] j'ai eu le tort de fréquenter bon nombre de poètes. À quelques exceptions près, ils étaient inutilement graves, infatués ou odieux, des monstres eux aussi, des spécialités, tout ensemble tortionnaires et martyrs de l'adjectif, et dont j'avais surfait le dilettantisme, la clairvoyance, la sensibilité au jeu intellectuel. La futilité ne serait-elle qu'un "idéal"? 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 888

[...] devenir métaphysiquement étrangers.
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 888

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L'amour ou la haine que nous lui portons [à Dieu] révèle moins la qualité de nos inquiétudes que la grossièreté de notre cynisme. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 889

L'expérience du vide est la tentation mystique de l'incroyant, sa possibilité de prière, son moment de plénitude. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 890

Mes convictions sont des prétextes: de quel droit vous les imposerais-je? 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 893

Virus de la prose, le style poétique la désarticule et la ruine: une prose poétique est une prose malade. 
La tentation d'exister, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 897

Shakespeare : rendez-vous d'une rose et d'une hache... 
(Syllogismes de l'amertume, p.747, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Ne cultivent l'aphorisme que ceux qui ont connu la peur au milieu des mots, cette peur de crouler avec tous les mots. 
(Syllogismes de l'amertume, p.747, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Tout Occidental tourmenté fait penser à un héros dostoïevskien qui aurait un compte en banque. 
(Syllogismes de l'amertume, p.748, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Mystère. - mot dont nous nous servons pour tromper les autres, pour leur faire croire que nous sommes plus profonds qu'eux. 
(Syllogismes de l'amertume, p.749, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Ce qui fait durer une oeuvre, ce qui l'empêche de dater, c'est sa férocité. Affirmation gratuite ? Considérez le prestige de l'Évangile, livre agressif, livre venimeux s'il en faut. 
(Syllogismes de l'amertume, p.749, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Le pessimiste doit s'inventer chaque jour d'autres raisons d'exister ; c'est une victime du « sens » de la vie.
(Syllogismes de l'amertume, p.750, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Il est incroyable que la perspective d'avoir un biographe n'ait fait renoncer personne à avoir une vie.
(Syllogismes de l'amertume, p.751, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Dans les tourments de l'intellect, il y a une tenue que l'on chercherait vainement dans ceux du coeur.
Le scepticisme est l'élégance de l'anxiété. 
(Syllogismes de l'amertume, p.753, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Être moderne, c'est bricoler dans l'Incurable. 
(Syllogismes de l'amertume, p.753, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire. 
(Syllogismes de l'amertume, p.754, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Nous sommes tous des farceurs ; nous survivons à nos problèmes.
(Syllogismes de l'amertume, p.755, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

L'Ennui nivelle les énigmes : c'est une rêverie positiviste... 
(Syllogismes de l'amertume, p.756, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Nos flottements portent la marque de notre probité ; nos assurances, celle de notre imposture. La malhonnêteté d'un penseur se reconnaît à la somme d'idées précises qu'il avance.
(Syllogismes de l'amertume, p.756, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

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Comment peut-on être philosophe ? Comment avoir le front de s'attaquer au temps, à la beauté, à Dieu, et au reste ? L'esprit s'enfle et sautille sans vergogne. Métaphysique, poésie, - impertinences d'un pou... 
(Syllogismes de l'amertume, p.757, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Stoïcisme de parade : être un passionné du « Nil admirari », un hystérique de l'ataraxie. 
(Syllogismes de l'amertume, p.757, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

La liberté ? Sophisme des bien portants. 
(Syllogismes de l'amertume, p.758, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Quand l'idée se cherchait un refuge, elle devait être vermoulue, puisqu'elle n'a trouvé que l'hospitalité d'un cerveau. 
(Syllogismes de l'amertume, p.758, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Technique que nous pratiquons à nos dépens, la psychanalyse dégrade nos risques, nos dangers, nos gouffres ; elle nous dépouille de nos impuretés, de tout ce qui nous rendait curieux de nous-mêmes. 
(Syllogismes de l'amertume, p.758, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Tout problème profane un mystère ; à son tour, le problème est profané par sa solution. 
(Syllogismes de l'amertume, p.759, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Le Réel me donne de l'asthme. 
(Syllogismes de l'amertume, p.760, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

On rencontre la Subtilité :
[...]
chez le femmes. Condamnées à la pudeur, elles doivent camoufler leurs désirs, et mentir : le mensonge est une forme de talent, alors que le respect de la « vérité » va de pair avec la grossièreté et la lourdeur.
(Syllogismes de l'amertume, p.760, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Le philosophe « généreux » oublie à ses dépens que d'un système seules survivent les vérités nuisibles. 
(Syllogismes de l'amertume, p.761, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

S'ennuyer c'est chiquer du temps. 
(Syllogismes de l'amertume, p.766, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

J'ai cherché en moi mon propre modèle. Pour ce qui est de l'imiter, je m'en suis remis à la dialectique de l'indolence. Il est tellement plus agréable de ne pas se réussir ! 
(Syllogismes de l'amertume, p.766, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Je vadrouille à travers les jours comme une putain dans un monde sans trottoirs. 
(Syllogismes de l'amertume, p.767, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Don Quichotte représente la jeunesse d'une civilisation : il s'inventait des événements ; - nous ne savons comment échapper à ceux qui nous pressent. 
(Syllogismes de l'amertume, p.769, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Le héros est périmé ; seul le carnage impersonnel a cours. Nous sommes des fantoches clairvoyants, tout juste propres à faire des simagrées devant l'irrémédiable. L'Occident ? Un possible sans lendemain. 
(Syllogismes de l'amertume, p.773, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)


On cesse d'être jeune au moment où on ne choisit plus ses ennemis, où l'on se contente de ceux qu'on a sous la main. 
(Syllogismes de l'amertume, p.776, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Sans Dieu tout est néant ; et Dieu ? Néant suprême. 
(Syllogismes de l'amertume, p.777, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Au beau milieu d'études sérieuses, je découvris que j'allais mourir un jour...; ma modestie en fut ébranlée. Convaincu qu'il ne me restait plus rien à apprendre, j'abandonnai mes études pour mettre le monde au courant d'une si remarquable découverte. 
(Syllogismes de l'amertume, p.778, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)



Ne me demandez plus mon programme ; respirer, n'en est-ce pas un ? 
(Syllogismes de l'amertume, p.779, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Quel dommage que, pour aller à Dieu, il faille passer par la foi !
(Syllogismes de l'amertume, p.783, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Réfutation du suicide : n'est-il pas inélégant d'abandonner un monde qui s'est mis si volontiers au service de notre tristesse ? 
(Syllogismes de l'amertume, p.783, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Hors la matière, tout est musique : Dieu même n'est qu'une hallucination sonore. 
(Syllogismes de l'amertume, p.786, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Toute croyance rend insolent ; nouvellement acquise, elle avive les mauvais instincts ; ceux qui ne la partagent pas font figure de vaincus et d'incapables, ne méritant que pitié et mépris. Observez les néophytes en politique et surtout en religion, tous ceux qui ont réussi à intéresser Dieu à leurs combines, les convertis, les nouveaux riches de l'Absolu. Confrontez leur impertinence avec la modestie et les bonnes manières de ceux qui sont en train de perdre leur foi et leurs convictions... 
(Syllogismes de l'amertume, p.792, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

L'art d'aimer ? C'est savoir joindre à un tempérament de vampire la discrétion d'une anémone.
(Syllogismes de l'amertume, p.793, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Heureux en amour, Adam nous eût épargné l'Histoire. 
(Syllogismes de l'amertume, p.794, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

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Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, le néant péremptoire.
S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu. 
(Syllogismes de l'amertume, p.797, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Que sont toutes les mélodies auprès de celle qu'étouffe en nous la double impossibilité de vivre et de mourir ! 
(Syllogismes de l'amertume, p.797, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)


À quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ?
(Syllogismes de l'amertume, p.797, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

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Point de musique véritable qui ne nous fasse palper le temps. 
(Syllogismes de l'amertume, p.798, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

La musique, système d'adieux, évoque une physique dont le point de départ ne serait pas les atomes, mais les larmes. 
(Syllogismes de l'amertume, p.798, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Si Noé avait eu le don de lire l'avenir, il n'est point douteux qu'il se fût sabordé. 
(Syllogismes de l'amertume, p.800, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Les événements, - tumeurs du Temps... 
(Syllogismes de l'amertume, p.800, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Évolution : Prométhée, de nos jours, serait un député de l'opposition. 
(Syllogismes de l'amertume, p.800, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

L'histoire, en effet, se ramène à une classification des polices ; car de quoi traite l'historien, sinon de la conception que les hommes se sont faite du gendarme à travers les âges ? 
(Syllogismes de l'amertume, p.801, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

L'homme sécrète du désastre. 
(Syllogismes de l'amertume, p.801, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Toutes les calamités - révolutions, guerres, persécutions - proviennent d'un à-peu-près... inscrit sur un drapeau. 
(Syllogismes de l'amertume, p.803, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Un homme politique qui ne donne pas quelque signe de gâtisme me fait peur. 
(Syllogismes de l'amertume, p.803, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

L'anxiété - ou le fanatisme du pire. 
(Syllogismes de l'amertume, p.803, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Le secret de mon adaptation à la vie ? - J'ai changé de désespoir comme de chemise. 
(Syllogismes de l'amertume, p.807, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Le spermatozoïde est le bandit à l'état pur. 
(Syllogismes de l'amertume, p.812, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

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