1 déc. 2017

Lettre de Patti Smith à Mapplethorpe

En 1967, Patti Smith (née le 30 décembre 1946) déménage à New York et rencontre son « âme sœur », le photographe américain aux somptueux portraits en noir et blanc, Robert Mapplethorpe (4 novembre 1946 – 9 mars 1989). Leur relation intime et amoureuse se transforma en amitié intouchable jusqu’à leur mort. À 42 ans, les médecins découvrent que Mapplethorpe est atteint du SIDA : conscient que la fin est proche, il multiplie ses créations. Quelques jours avant sa mort, Patti Smith lui écrit cette lettre, qui reste aujourd’hui l’un des plus beaux hommages rendus à un artiste, érigeant Mapplethorpe comme une œuvre d’art en soi — la plus belle de toutes ses création. Malheureusement, Mapplethorpe n’eut pas la chance de lire cet hommage immortel à sa personne plus qu’à son art.

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"Nous avons partagé ensemble le mystère sacré
de la vie d'artiste"



Cher Robert,

Souvent lorsque je suis allongée les yeux ouverts, je me demande si toi aussi tu fais pareil. Est-ce que tu souffres, est-ce que tu te sens seul ? Tu m’as sortie de la période la plus sombre de ma jeune existence. Nous avons partagé ensemble le mystère sacré de la vie d’artiste. J’ai appris à voir à travers tes yeux et désormais, je ne compose pas une ligne, je ne dessine pas une courbe qui ne soit nourrie de la connaissance que m’a apporté le temps que nous avons passé ensemble.

Ton œuvre, qui jaillit d’une source fluide, découle du chant nu de ta jeunesse. Tu parlais alors de marcher main dans la main avec Dieu. Souviens-toi qu’envers tout, tu as toujours tenu cette main, accroche-toi à elle, Robert, ne la lâche pas.

L’autre après-midi, lorsque tu t’es endormi sur mes épaules, je me mis à dériver, moi aussi. Mais avant cela, alors que je regardais toutes tes affaires et tes œuvres et que mon esprit naviguait parmi ces nombreuses années de travaux, j’ai compris que, de toutes tes créations, tu restes la plus belle. La plus belle œuvre d’entre toutes.

Patti

12 nov. 2017

Créations sonores par la Note blanche ...

Ces montages sont mixés à partir d'extraits musicaux, de bruitages sonores, cinématographiques et d'enregistrements. Ces travaux racontent une histoire. A vous de l'imaginer...  En cours de finition. 

Éteignez les portables, allumez vos oreilles et glissez vers l'univers de la Note blanche!



Nouvelle création sonore de la Note blanche :

TAKE TIME 1: https://soundcloud.com/la-note-blanche/take-time 
TAKE TIME 2 (Version en cours/Montage voix finales + 1'50): https://soundcloud.com/la-note-blanche/take-time-2


Dreams (en cours): 

Altitude (en cours):








Retrouvez tous les podcasts de la Note blanche sur soundcloud: https://soundcloud.com/la-note-blanche

9 oct. 2017

Lettre ouverte de Charles Mingus à Miles Davis

Miles Davis (26 mai 1926 – 28 septembre 1999) icône du jazz et musicien au talent indéniable, a profondément marqué la musique contemporaine et signé de nombreux chefs-d’œuvre du jazz, tels que Sketches of Spain ou Bitches Brew. Il parviendra à transcender sa discipline et connaîtra une renommée internationale. Miles Davis reste cependant un personnage controversé, luttant contre son addiction à l’héroïne, et vilipendant certains de ses confrères comme Charles Mingus, qui lui répond dans cette lettre ouverte.

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"Tu te souviens de moi, Miles ? 
Je suis Charles. Ouais, Mingus !"

30 novembre 1955

Quatre magazines de « Down Beat » me viennent à l’esprit – le « test à l’aveugle » de Bird, le mien, celui de Miles, et la récente « histoire du retour » de Miles – alors que je m’asseois et que je tente d’écrire en toute honnêteté une lettre ouverte à Miles Davis. (J’ai supprimé de nombreuses lettres « mentales » avant cet écrit, mais une lettre s’est formée dans mon esprit hier soir lorsque je contemplais des images de Bird que Bob Parent avait pris lors d’une session au Village.) Si une image doit correspondre à une histoire, ce serait cette photo de Bird, debout et regardant Monk avec plus d’amour qu’on en trouvera jamais dans l’industrie du jazz !…

L’amour de Bird, si visible sur cette photographie, a été encore démontré lors de son « Test à l’aveugle. » Mais retrouver le « Test » de Miles ! D’ailleurs déterrer mon propre « Test à l’aveugle » ! Vous voyez ce que je veux dire ? Et plus récemment, récupérer l’histoire du retour de Miles. Comment va agir Miles lorsqu’il va revenir ? Est-ce que ça se passera comme un concert à Brooklyn pas si vieux qu’il a fait avec Max, Monk et moi et qu’il n’arrêtait pas de dire à Monk de « rester silencieux » parce que ses accords étaient faux ? Ou bien comme sur un disque plus récent où il insulta, disputa et menaça Monk et demanda à Bob Weinstock pourquoi il avait recruté un tel nonmusicien et que Monk dût rester silencieux sur les solos de trompettes de Miles ? Que nous arrive-t-il à nous, disciples de Bird ? Ou Miles penserait que je m’avance beaucoup trop en m’incluant en tant que disciple ?

Cela semble si dure pour quelques uns d’entre nous de mûrir assez pour réaliser qu’il y a d’autres personnes en chair et en os, tout comme nous, sur cettre grande terre. Et même s’ils ne bougent ou ne « swinguent » jamais, ils ont autant de droits que nous, bien qu’ils sont en contradiction totale avec nos standards. Oui, Miles, je m’excuse pour mon stupide « Test à l’aveugle. » Je peux le faire avec plaisir car j’apprends un petit quelque chose. Quelques soient leurs efforts pour dire que Brubeck ne swingue pas – ou quoique ce soit qu’ils mijotent, ou qu’ils préparent – c’est factuellement sans importance.

Pas parce que David a fait la une du Times – et s’est fait de l’argent – mais principalement parce que Dave pense honnêtement qu’il swingue. Il sent une certaine pulsation et joue une certaine pulsation qui lui donne du plaisir et un sens de l’exaltation parce qu’il fait sincèrement quelque chose que lui, Dave Brubeck, se sent de faire. Et comme tu l’as dit dans ton histoire, Miles, « si un type te fait taper du pied, et que tu le ressens au bas de ton dos, etc., » alors Dave est le plus swing de par ta définition, Miles, parce qu’à Newport et partout ailleurs Dave a fait taper des pieds et des mains toute la salle…

Miles, ne te rappelles-tu pas que « Mingus Fingers » a été écrit en 1945 alors que j’étais un enfant, âgé de 22 ans, qui étudiait et faisait tout son possible pour écrire dans le tradition d’Ellington ? Miles, c’était il y a dix ans quand je pesais 83 kilos. Ces vêtements ont été portés et ne me vont plus. Je suis un homme ; je pèse 100 kilos ; je pense par moi-même. Je ne pense pas comme toi et musique n’est pas juste bonne à faire taper des pieds et à se trémousser. Quand et si je me sens jyeux et insouciant, j’écris ou je joue de cette manière – pareil lorsque je suis content et déprimé.

Juste parce que je joue du jazz je ne m’oublie pas. Je joue ou j’écris ce que je ressens avec le jazz. La musique est, ou était, une langue d’émotions. Si quelqu’un s’est échappé de la réalité, je ne m’attends pas à ce qu’il creuse ma musique, et je m’inquiéterais de mon écriture si une telle personne commencait à vraiment l’apprécier. Ma musique est vivante et c’est à propos des vivants et des morts, du bien et du mal. C’est furieux et pourtant réel car elle sait que c’est furieux.

Je sais que tu effectues ton retour, Miles, et je suis avec toi plus que tu ne le penses. Tu joues le plus grand Miles que je n’ai jamais entendu, et je suis persuadé que tu sais déjà que tu es l’un des plus grands stylistes du jazz en Amérique. Tu es souvent frais dans un sens créatif, et, tu te sous-estimes – de l’extérieur – de même qu’avec d’autres associés de l’art. Vraiment, Miles, je t’aime et je veux que tu saches qu’on a besoin de toi, mais tu es une personne trop importante dans le jazz pour ne pas faire attention à ce que tu dis sur les autres musiciens qui essaient de créer…

Tu te rappelles de moi, Miles ? Je suis Charles. Ouais, Mingus ! Tu étais la troisième trompette sur mon disque en Californie il y a 11 ans sur la recommandation de Lucky Thompson. Alors mollo, jeune homme…

Si tu te sens de répondre à cette lettre ouverte, Miles, il y a une chose que j’aimerais savoir concernant ce que tu as dis à Nat Hentoff à propos des morceaux que tu as enregistré ces deux dernières années. Pourquoi tu as continué d’enregistrer, session après session, alors que tu déclares maintenant ne pas les aimer à l’exception de deux LPs ? Je me demande si tu as oublié les noms de ces morceaux ; de plus, comment un vrai artiste peut permettre que toute sa musique, que lui-même n’aime pas, soit vendu au public de jazz. Ou même accepter d’être payé pour un boulot dont tu dis toi-même qu’il a été mal fait.

Bonne chance pour ton retour, Miles.

1 oct. 2017

La Balade de la Note blanche ...

La Note blanche revient faire une balade sur les ondes avec une palette variée de musiciens: Lennie Hibbert, VirtuosesDiabate, Dorothy Ashby, John Coltrane, Lonnie Liston Smith, Byard Lancaster, Linda Tillery, Ali Farka Toure, John Buddy William's band, et Rokia Traoré !

Ecoutez le podcast de l'émission en cliquant sur le lien ci-dessous : 

J'ai intitulé cette émission « la Balade de la Note blanche »... Alors, pourquoi « balade » ? Qu'entendez vous par « balade » ? Une balade romantique au crépuscule du soleil ou bien une balade en solitaire avec un casque dans les oreilles ? 


Dans tous les cas, je ferai en sorte que cette émission vous balade à travers différentes sphères musicales, et à travers différents pays ! Je commencerai cette petite promenade en Jamaïque avec du reggae jazz grâce au vibraphoniste, Lennie Hibbert.  « Rose Len » extrait de l'album « Creation » sorti en 1969 sur le label « Studio One ».

La Note blanche vous souhaite un beau voyage en musique ...

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Nous resterons en Afrique grâce aux sons féeriques de Dorothy Ashby. Ça fait bien bientôt trois semaines que je n'arrête pas d'écouter cette harpiste et j'ai très envie de vous passer deux titres de cette magicienne ! Je partargerai son talent grâce au morceau « Wax and wane ». de l'album « The Rubaiyat of Dorothy Ashby ». Puis au titre « Come live with me » de l'album « Afro Harping » sorti en 1968 sur le label « Cadet Records » ...

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Nous continuerons notre balade dans les années 60 avec le grand, très grand saxophoniste John Coltrane ! Il a en effet composé  une très  jolie balade intitulée « Naïma » que l'on retrouve dans l'album « Giant Steps » sorti en 1960 sur le fameux label « Atlantic Records ».

Place au saxophoniste John Coltrane dans la Note blanche ...

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Le pianiste et clarinettiste Lonnie Liston Smith reprend ce morceau dix ans après John Coltrane  en 1974 dans l'album « Cosmic Funk » sur le label Loveland Records . Le chanteur Donald Smith est en faite le frère de Lonnie ce qui donne ce son cosmique et vertigineux ! Nous resterons dans ces sonorités cosmiques en compagnie du saxophoniste venu tout droit de Philadelphie : Byard Lancaster! J'ai opté pour le titre « Work and pray » de l'album « Funny Funky rib grib » enregistré en 1970 sur le label Porter Records. 

Allumez vos oreilles et baladez vous dans la Note blanche ...

Ecoutez le podcast de l'émission en cliquant sur le lien ci-dessous : 

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Nous retournerons faire une balade en Afrique et plus précisément au Mali  grâce au célèbre Ali Farka Toure et son titre « Allah Uya » extrait de son album « Nia Funké » sorti en 1999 sur le label World circuit !

Bon voyage en musique dans la Note blanche ...

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La promenade de la Note blanche continue ! Je vous ferai danser sur deux balades étourdissantes et hypnotiques du John Buddy William's band (1958, label Cook). Enfin, nous resterons au Mali avec la belle chanteuse Rokia Traoré ! Celle-ci n'est pas que chanteuse mais aussi auteur-compositeur et guitariste ! Vous aurez le plaisir d'entendre le morceau  « Mariama » extrait de l'album « Bowmboî » sorti en 2003 sur le label Indigo ! 

"La Balade de la Note blanche" s'achèvera sur ce morceau mais je reviens dimanche prochain de 18h à 19h pour d'autres surprises en musique ...

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Playlist :


Générique de fin : « Musiqawi-silt » des Wallias Band
1 : « Rose Len » de Lennie Hibbert (03'58)
2 : « N'fa » des Virtuoses Diabate (06'41)
3 : « Wax and wane » de Dorothy Ashby (04'22)
4 : « Come live with me » de Dorothy Ashby (02'36)
5 : « Naïma » de John Coltrane (07'40)
6 : « Naïma » de Lonnie Liston Smith (05'03)
7 : « Work and pray » de Byard Lancaster (06'34)
8: « Freedom time » de Linda Tillery (05'52)
9 : « Allah Uya » de Ali Farka Toure (04'29)
10: « Wadiour » de Youssou N'dour » (05'24)
11 : « My Salty Sin » du John Buddy William's band (02'56)
12 : « Choro »du John Buddy William's band (02'23)
13 : « Mariama» de Rokia Traoré (05'37)
Générique de fin : « Musiqawi-silt » des Wallias Band


Ecoutez le podcast de l'émission en cliquant sur le lien ci-dessous : 


Rendez-vous sur le blog "Afrobeat" pour d'autres surprises musicales: http://afrobeat-music.blogspot.fr/2011/05/fela-kuti-gentleman-1973-confusion-1974.html


Emission rédigée et réalisée par Priscille Blas (La Note blanche)

27 sept. 2017

Lettre d’André Gorz à sa femme

André Gorz (1923 – 2007) est un philosophe français, connu pour être l’un des principaux théoriciens de l’écologie politique après avoir côtoyé l’existentialisme de Sartre. Il est aussi le co-fondateur du Nouvel Observateur, en 1964, sous le pseudonyme de Jean Bosquet, avec Jean Daniel. Gorz avait dit que la Lettre à D., lettre à sa femme atteinte d’une maladie incurable, serait sa dernière œuvre. Il n’avait pas menti : les époux se sont donnés la mort peu après la rédaction de cette lettre, pour mettre fin aux souffrances de Doreen. DesLettres publie ici seulement un extrait de cette lettre poignante.

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"Je ne veux pas assister à ta crémation ;
 je ne veux pas recevoir un bocal avec tes cendres"

21 mars - 6 juin 2006

Je me suis demandé quel était l’inessentiel auquel je devrais renoncer pour me concentrer sur l’essentiel. Je me suis dit que, pour comprendre la portée des bouleversements qui s’annonçaient dans tous les domaines, il fallait plus d’espace et de temps de réflexion que n’en permettait l’exercice à plein temps du métier de journaliste. Je n’attendais rien de vraiment novateur de la victoire de la gauche en 1981 et je te l’ai dit après avoir rencontré deux ministres du gouvernement Mauroy au lendemain de leur nomination. J’ai été étonné que mon départ du journal, après vingt ans de collaboration, ne fût pénible ni à moi-même ni à d’autres. Je me souviens d’avoir écrit à E. qu’en fin de compte une seule chose m’était essentielle : être avec toi. Je ne peux m’imaginer continuant à écrire si tu n’es plus. Tu es l’essentiel sans lequel tout le reste, si important qu’il me paraisse tant que tu es là, perd son sens et son importance. Je te l’ai dit dans la dédicace de mon dernier écrit.

Vingt-trois ans se sont écoulés depuis que nous sommes partis vivre à la campagne. Dans « ta » maison d’abord, qui dégageait une harmonie méditative. Nous ne l’avons goûtée que pendant trois ans. Le chantier d’une centrale nucléaire nous en a chassés. Nous avons trouvé une autre maison, très ancienne, fraîche en été, chaude en hiver, avec un grand terrain. Tu aurais pu y être heureuse. Là où il n’y avait qu’un pré tu as créé un jardin de haies et d’arbustes. J’y ai planté deux cents arbres. Pendant quelques années nous avons encore voyagé un peu ; mais les vibrations et secousses des moyens de transport, quels qu’ils soient, te déclenchent des maux de tête et des douleurs dans tout le corps. L’arachnoïdite t’a obligée à abandonner petit à petit la plupart de tes activités favorites. Tu réussis à cacher tes souffrances. Nos amis te trouvent « en pleine forme ». Tu n’as cessé de m’encourager à écrire. Au cours des vingt-trois années passées dans notre maison, j’ai publié six livres et des centaines d’articles et entretiens. Nous avons reçu des dizaines de visiteurs venus de tous les continents et j’ai donné des dizaines d’interviews. Je n’ai sûrement pas été à la hauteur de la résolution prise il y a trente ans : de vivre de plain-pied dans le présent, attentif avant tout à la richesse qu’est notre vie commune. Je revis maintenant les instants où j’ai pris cette résolution avec un sentiment d’urgence. Je n’ai pas d’ouvrage majeur en chantier. Je ne veux plus — selon la formule de Georges Bataille — « remettre l’existence à plus tard ». Je suis attentif à ta présence comme à nos débuts et aimerais te le faire sentir. Tu m’as donné toute ta vie et tout de toi ; j’aimerais pouvoir te donner tout de moi pendant le temps qu’il nous reste.

Tu viens juste d’avoir quatre-vingt-deux ans. Tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Récemment je suis retombé amoureux de toi une nouvelle fois et je porte de nouveau en moi un vide dévorant que ne comble que ton corps serré contre le mien. La nuit je vois parfois la silhouette d’un homme, sur une route vide et dans un paysage désert, marche derrière un corbillard. Je suis cet homme. C’est toi que le corbillard emporte. Je ne veux pas assister à ta crémation ; je ne veux pas recevoir un bocal avec tes cendres. J’entends la voix de Kathleen Ferrier qui chante : « Die Welst ist leer, Ich will nicht leben mehr » et je me réveille. Nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l’autre. Nous nous sommes souvent dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble.

1 sept. 2017

MAGMA: DATES 2017



Magma : 


8 SEPTEMBRE 2017 : TORCY FALL OF SUMMER FESTIVAL

10 OCTOBRE 2017 : HAMBOURG MARKTHALLE
11 OCTOBRE 2017 : BERLIN KESSELHAUS
19 OCTOBRE 2017 : JOUE LES TOURS "LE TEMPS MACHINE"
21 OCTOBRE 2017 : ROYE ROYE
26 OCTOBRE 2017 : HELSINKI TAVASTIA
27 OCTOBRE 2017 : STOCKHOLM KULTURHUSET – WITH MATS & MORGAN
28 OCTOBRE 2017 : MALMÖ KULTURBOLAGET
29 OCTOBRE 2017 : AMSTERDAM MELKWEG

2 NOVEMBRE 2017 : CENON (33) LE ROCHER DE PALMER
3 NOVEMBRE 2017 : BOUCAU (64) SCÈNE NATIONALE DU SUD-AQUITAIN – SALLE APOLLO
21 NOVEMBRE 2017 : BUENOS AIRES ND TEATRO
23 NOVEMBRE 2017 : SANTIAGO DE CHILE NESCAFE DE LAS ARTES
26 NOVEMBRE 2017 : SAO PAULO CARIOCA CLUB


Retrouvez les dates des prochains concerts sur le site officiel du groupe:
http://www.magmamusic.org/fr/concerts/

KoSmïk muZïk : 
http://kosmikmu.blogspot.fr/2017/

Magma et la Note blanche : 
http://noteblanche.blogspot.fr/2016/12/magma-la-legende.html

http://noteblanche.blogspot.fr/2015/01/magma-kosmik-muzik.html

http://noteblanche.blogspot.fr/2016/06/les-premieres-notes-de-rudy-blas-dans.html

17 août 2017

Lettre de Charles Bukowski à Ann Menebroker

Charles Bukowski, écrivain américain proche de la Beat Generation, jouit d’une réputation sulfureuse qu’il a soigneusement entretenue dans sa vie comme dans ses œuvres. Mais le « vieux dégueulasse » sait aussi être un ami précieux et plein de bons conseils… à sa manière. La preuve en une lettre écrite à son amie Ann Menebroker, une poétesse underground de Sacramento.

gary
"Je suis trop émotif, trop sentimental"


Salut Ann —

Tenez-vous bien, la glue va arriver pour vous soutenir, toi et Wayne.
Bien sûr que j’aimerais te voir mais je ne peux rien te promettre —
pas le sexe pas l’amour et peut-être même pas la compréhension. Mais
j’aimerais te voir. On pourrait prendre des verres et se détendre
et tu pourrais rester aussi longtemps que tu veux. Les choses
sont calmes ici. Il y a des gens qui passent, mais pas trop souvent. Je n’ai
pas de vraies attaches. Il y a une femme qui me dit : « Bukowski,
je ne comprends pas pourquoi tu n’es pas amoureux de moi. Je suis belle. »
« Désolé », je lui dis, « j’ai mis mon levier sur off. »
Je ne sais même pas si je voudrais retourner un jour dans une vraie histoire.
Je suis trop émotif, trop sentimental ; quand le jeu (le jeu difficile que les
hommes et les femmes jouent les uns contre les autres) commence à devenir sérieux, je suis perdu.
Bref, le livre Selected poems a finalement paru, c’est un gros pavé,
et mon nom est sur la couverture donc je suppose que c’est moi qui l’ai écrit.
Essaie de te maintenir et ne te sens pas trop mal, ou alors si tu
te sens trop mal, rappelle toi que ça arrive à chacun de nous. Accroche-toi,
tiens-toi aux putains de murs, et bientôt tu en riras, tu te demanderas même
comment tu as pu laisser ça avoir de l’emprise sur toi.
Tout ce dont on a besoin, c’est du temps — pour progresser, se sentir mieux,
et puis refaire les mêmes erreurs, encore et encore.
Amitiés,
BUK

6 juil. 2017

Lettre de Cioran à Friedgard Thoma

Emil Cioran (1911-1995) n’est pas uniquement ce philosophe du désespoir cynique et grinçant dont le scepticisme constituait le point névralgique du travail : il succombe également au coup de foudre, à une passion inattendue à l’âge de 70 ans. Friedgard Thoma, jeune femme de 35 ans et professeur de philosophie, lui écrit en allemand pour lui dire toute l’admiration qu’elle a pour ses œuvres. S’en suit une correspondance enflammée et une relation de quatre mois, faisant succomber Cioran à la « tentation d’exister »…

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"Vous êtes devenue le centre de ma vie"


17 juillet 1981

Vous êtes devenue le centre de ma vie, la déesse d’un homme qui ne croit en rien, le plus grand bonheur et le plus grand malheur qui me soient arrivés…

Après avoir, pendant de nombreuses années, parlé avec sarcasmes de ces… choses comme l’amour (et autres notions similaires), je devrais d’une certaine façon être puni, et je le suis, mais cela n’a pas d’importance. L’échec est mon mot d’ordre. Toutefois, il me reste une possibilité : vous êtes encline à vivre de façon marginale, même si ce n’est qu’un peu, mais cette réserve signifie déjà beaucoup — du moins à mes yeux.

Je me considère comme un marginal, et intérieurement, je réagirais comme tel même si j’étais traduit dans toutes les langues du monde, y compris celle des cannibales.

5 juil. 2017

Mytères à Twin Peaks, David Lynch (1990-2017)

Synopsis : 


Résultat de recherche d'images pour "twin peaks film"Un meurtre a été commis à Twin Peaks, une petite bourgade de l'Etat de Washington en apparence tranquille. La jeune Laura Palmer est retrouvée morte nue au bord d'un lac, enveloppée dans du plastique. L'agent spécial du FBI, Dale Cooper, envoyé sur place pour démasquer le coupable, mène l'enquête avec le soutien du shérif local, Harry Truman. Ces investigations les amènent à révéler au grand jour les sombres secrets des uns et des autres. Pendant ce temps, d'inquiétants phénomènes se produisent...




Distribution : 

Réalisateurs/créateurs : David Lynch, Marck Frost
Acteurs : Kyle MacLachlan, Sherilyn Fenn, Sheryl Lee, Ray Wise, etc.
Compositeurs : David Lynch et Angelo Badalamenti

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Générique/Extraits : 



   



Galerie :


 
  
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Résultat de recherche d'images pour "twin peaks"    Résultat de recherche d'images pour "twin peaks laura palmer" 
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Twin Peaks, fire walk with me, streaming (lien) :

http://www.film-streaming.co/twin-peaks-fire-walk-with-me-streaming.php#

Mystères à Twin Peaks, (série streaming) :
http://www.voirfilms.org/mysteres-a-twin-peaks-saison-1-6776.htm

MulhollandDrive,DavidLynchsurceblog:https://noteblanche.blogspot.fr/2016/06/mulholland-drive-david-lynch-2001.html



Twin Peaks (Mystères à Twin Peaks), saison 3 : 


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Il y a 25 ans, l'agent spécial du FBI Dale Cooper se rendait dans la petite ville de Twin Peaks dans l'état de Washington afin de poursuivre la trace d'un meurtrier en série responsable de la mort d'une lycéenne, Laura Palmer. Le policier fédéral revient à Twin Peaks qui est de nouveau le théâtre d'assassinats.



Bande-annonce : 





Extraits :


 Chromatics "Shadow". Twin Peaks Season 3 :



Twin Peaks S3 Episode 8 - Nine Inch Nails : 



L'Univers abyssal de Twin Peaks : 


Si une série a bien renouveler le paysage audiovisuel à la fin du XXe siècle, c’est sans conteste l’oeuvre de David Lynch, Twin Peaks. Construite autour d’un scénario d’apparence classique (un meurtre mystérieux dans une petite ville des Rocheuses), la série a su intégrer les codes des soaps célèbres de l’époque. Le brio cinématographique de Lynch a également permis de poser les bases de nombreuses séries par la suite (et oui...). 

Chacun aime Twin Peaks pour quelque chose de différent : certains pour son script, d’autres pour son ambiance, pour ses mystères, pour ses personnages… Bref, difficile d’aborder simplement la complexité de Twin Peaks ! D’ailleurs, bien malin celui qui s’aventurerait à se vanter d’en maîtriser tous les tenants et aboutissants, tous les clins d’oeils et toutes les références qui s’y trouvent ! N’est-ce-pas le fort d’un chef d’oeuvre ? En tout cas, cela y ressemble grandement...

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Si Andy et Lucy laissent relativement peu de doutes quant à leurs personnages et évolution (quoique... on pourrait être surpris!), peut-il en être de même de Dale Cooper ou de la famille Horne ? Et que représentent Leo Johnson, Nadine Hurley, la femme à la Bûche, etc ? Et qui est Diane ???

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La saison 3  se déroule donc 25 ans plus tard,… exactement comme Laura Palmer l’avait annoncé à Dale Cooper dans la Loge… Étonnant ? David Lynch respecte son délai, et nous revoilà dans la chambre rouge aux côtés de Dale Cooper et de Laura Palmer (avec 25 ans de plus aussi...Ah !).  Clin d'œil aux fans, c'est l'histoire du premier plan qui ouvre cette saison : dans la fameuse chambre rouge, la défunte (et flippante) Laura Palmer  donnait son fameux rendez-vous  à l'agent Cooper. Et c'est d'ailleurs ce dernier, exagérément parcheminé (éternel Kyle MacLachlan...), que nous retrouvons aussitôt devant une autre vieille connaissance, l'étrange géant qui avait aidé l'agent à démêler les fils du meurtre de la jeune femme. Puis tout s'enchaîne. 



Nous sommes dans Twin Peaks (la BO d'Angelo Badalamenti est toujours là), et nous sommes ailleurs, littéralement.  Là où le pilote de David Lynch suivait une rigoureuse unité de lieu (on ne sort quasiment jamais, pendant les deux premières saisons, de ce trou imaginaire inventé par Lynch et Frost) et d'action (le meurtre de Laura Palmer et sa résolution), celui de cette saison 3 est éclaté en de multiples places et morts violentes. En la matière, Twin Peaks semble toutefois (provisoirement ?) épargnée.

A l’heure du 3D et de la réalité virtuelle, Twin Peaks saison 3 est l’expérience d’une fusion entre dicible et indicible, entre l'innocence et la violence, entre un humour caustique et l'horreur. Pour résumé, cette saison est également une aventure visuelle fascisante. Kyle MacLachlan réincarne à merveille l'agent spécial Dale Cooper,
enquêteur mythique de Twin Peaks: humour, émerveillement, étrangeté, le tout à la fois, parfois sans un mot et sans jamais surjouer.  


Il y a une sorte de magie autour de cet acteur, quelque-chose qui l'a préservé depuis trois décennies, quelque-chose qu'il ne contrôle pas vraiment.
Vous n’avez pas fini d’être étonné par la charmante petite ville de Twin Peaks (et moi non plus) ...

Un petit café Monsieur Cooper ?



"Twin Peaks" saison 3 (épisodes 1 et 2),les théories et interprétations des fans de la série:



Que faut-il penser des nouveaux épisodes de “TwinPeaks”?:http://www.lesinrocks.com/2017/05/22/cinema/twin-peaks-saison-3-prets-replonger-11947593/